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Parc du château d’ Orbigny

Le jardin

Le Parc :  La création, l’abandon, la restauration

Après l’acquisition d’Orbigny par Jean Raudot au début du 18e siècle plusieurs projets de jardins ‘à la française’ sont envisagés pour les abords du château et le vallon adjacent dit « du Guilleron ». On en retrouve les plans, et parfois des traces, la charmille par exemple, mais on ne sait s’ils ont tous été réalisés.

On note surtout la grande grotte et son belvédère : placés au point le plus haut du domaine ils devaient permettre une vue d’ensemble sur le château, la ferme, le hameau d’Orbigny et la majeure partie des terres (une centaine d’hectares). Ce n’est plus le cas aujourd’hui, les arbres masquant la plupart des vues.

C’est à Jean-Edme Raudot puis à deux de ses fils, Henri (1800-1861) (maire de Pontaubert) et Claude-Marie dit Réglois (1801-1876) (magistrat, écrivain, député de l’Yonne, président de la commission du budget) que l’on doit le parc actuel.

Il s’étend sur 35 hectares dont 20 hectares sont boisés et il est en grande partie entouré de murs.

Le premier travail d’aménagement effectué a concerné l’amenée de l’eau. Les 3 puits du château et le ruisseau du vallon n’étaient ni suffisants ni pratiques. Deux sources sont alors captées, chacune à près d’un kilomètre d’Orbigny, et deux réseaux de conduites en terre cuite, passant sous la route d’Avallon dans des siphons, amènent l’eau par gravité jusqu’à la ferme et au château. Au passage ils alimentent des auges dans les prés du domaine grâce à un ingénieux système de vases communicants.

Un grand bassin ovale au pied du pigeonnier recueille l’eau des sources ; une prairie est créée près du château avec des apports de terre végétale pour couvrir le granit qui affleure. Une cressonnière est installée au centre et l’eau se perd ensuite dans l’herbe. 

Pour servir de clôture, et surtout de décor, le pré de La Cressonnière ainsi qu’un petit pré proche sont entourés de rochers de grès arkosés, rappelant les alignements druidiques. 

Le vallon du Guilleron est ensuite aménagé : un captage abrité par une voute alimente un pédiluve pavé.  En aval sur le cours du rû deux petits barrages successifs sont construits. Il s’agissait peut-être d’alevinage. Pour encadrer le fond du vallon deux longues bordures de rochers sont installées à mi-pente et se rejoignent pour former un pont sur le rû. Au total, sur 1.500 mètres environ, on compte plus de 1.000 blocs parfaitement alignés. Les extraire en différents endroits du parc, les transporter, les tailler et les positionner représenta un travail considérable, réalisé avec des barres à mine, des chevaux de trait ou des bœufs.

Ce fut enfin la mise en valeur des coteaux abrupts du Cousin qui mobilisa les énergies. Le tracé des cheminements nécessitait beaucoup de réflexion. L’objectif était de relier les emplacements les plus vertigineux par des chemins escarpés. Il fallait parfois soutenir le chemin par des maçonneries de pierre, et par endroits creuser la roche pour ouvrir un passage. La tour du belvédère surplombant en à-pic la rivière en a été le point d’orgue. Pour encadrer les points de vue 50 genévriers sont achetés en 1828, beaucoup subsistent encore.

Georges Raudot (1836-1895), héritier de son père et de son oncle Réglois, entreprit des embellissements. Les allées furent recouvertes d’arène granitique rouge et bordées de centaines de rosiers. La famille y passait beaucoup de temps, y déjeunait, y jouait, y chassait, pêchait dans le Cousin et organisait des promenades au belvédère ou à la grotte. Ce fut l’apogée du parc, cité comme l’un des plus beaux du département.

Cela ne dura pas. Le fils de Georges, Henri (1870-1915), épris d’aventures fit Saint Cyr et s’engagea dans les troupes coloniales. Toujours en campagne, il restait parfois deux ans sans revenir à Orbigny. Il rapporta toutefois pour le parc quelques arbres exotiques. Il subsiste près du château un beau Gingko. Revenu combattre en France en 1914 il fût tué en entrainant son bataillon à l’assaut, son épouse mourut peu après, laissant 3 tout jeunes enfants. 

Le parc retournait petit à petit à l’état sauvage.

Après la guerre de 1940 Jacques Raudot (1910-1985) entreprit de valoriser les espaces boisés. Il fit couper les vieux chênes, les arbres et toute la végétation tant dans le vallon que sur les coteaux du Cousin et planta en grande quantité des sapins pectinés sous la grotte, des pins sylvestres sur les coteaux et des peupliers dans le vallon. Son objectif était essentiellement forestier et l’entretien ne fût pas vraiment suivi. Les ronces les épines et les acacias envahirent tout.

Son fils François, passant toutes ses vacances à Orbigny, s’intéressa au parc dès son plus jeune âge. C’était un terrain de jeux extraordinaire. Au milieu des broussailles surgissait parfois un tracé d’ancien chemin, un amas de pierres écroulées, un énorme rocher à escalader, un filet d’eau sous le lierre, un petit barrage …. Leur découverte et leur dégagement étaient une source de plaisirs sans fin.

Ce fût le début modeste des opérations de restauration du parc ! Elle se poursuivirent pendant 50 ans ….  et durent encore !

Le parc d’Orbigny comporte plusieurs unités paysagères bien distinctes

Les abords du château qui regroupent l’allée d’arrivée, le verger, la charmille, le potager, les bâtiments de ferme, la pelouse et le pigeonnier et enfin le vertugadin ouvrant la vue sur le village

Le tour du Guilleron avec des espaces boisés et des prairies bucoliques bordées de rochers. Des cheminements invitent à la déambulation et à la découverte de différents bassins

Le vallon du Paradis, romantique par excellence, organisé autour du cours d’eau qui le traverse

La grande prairie au nord du parc offre un vaste espace de respiration

Le clos boisé constitué de chênes, de sapins et d’acacias dont les ombrages invitent à des parcours au cœur de la forêt 

La promenade sublime enfin offre des vues panoramiques sur la vallée du Cousin à partir de chemins escarpés taillés dans les falaises granitiques

La Restauration

La réhabilitation d’un parc ancien à l’abandon est une aventure. On peut chercher à le reconstituer à l’identique mais aussi à tirer parti de l’existant pour l’aménager à sa guise. Il faut de l’imagination. Les décisions sont prises au fur et à mesure des travaux et des découvertes qui sont faites. 

Trois lignes directrices ont guidé les actions :   la mise en valeur et l’utilisation optimale de l’eau, l’aménagement d’un maximum de vues lointaines, la réhabilitation de tous les cheminements et des clôtures

L’EAU

Nous avons vu qu’en 1830 deux sources avaient été captées et canalisées sur environ un kilomètre chacune. L’une d’elles alimente un bassin devant le château. Cette première source fut réaménagée tant bien que mal et une grande partie des canalisations en terre cuite fut remplacée. L’autre source plus abondante, composée de cinq captages fût entièrement refaite. Hélas la conduite se révéla complètement obturée à l’endroit où elle passait sous la route dans un siphon profond et les travaux ne purent être poursuivis jusqu’au château.

L’idée germa d’utiliser l’eau qui arrivait au bassin pour créer d’autres bassins d’agrément. Un bassin de pierre fût placé au milieu de la prairie du Guilleron, un tuyau enterré y amena l’eau et on s’aperçût que la déclivité permettait de créer un jet d’eau naturel de près d’un mètre de haut. Puis trois bassins en pierres maçonnées furent créés aux alentours, ils se déversent l’un dans l’autre, reliés par un tuyau de distribution. Le trop plein du dernier bassin se déverse dans le pédiluve en amont du vallon. Deux retenues d’eau sont reconstruites dans le vallon, un pédiluve circulaire et un barrage. Le point d’orgue des travaux hydrauliques fut la construction d’un grand bassin sous la maison face à la vue du village en contrebas. Le dénivelé permet cette fois un jet d’eau naturel de près de deux mètres. Il y a donc aujourd’hui 8 points d’eau dans un rayon de 100 mètres autour du château, l’eau et son bruissement sont omniprésents

LES VUES

La nature a horreur du vide! dès qu’un espace se libère il est vite comblé et, sauf intervention, en quelques décennies la forêt est partout.  Le château est situé sur un coteau et surplombe le village en contrebas, groupé autour d’une belle église du 12e siècle. Malgré le relief la poussée de la végétation menaçait de plus en plus cette vue splendide. Le rachat des terrains concernés et leur dégagement purent heureusement être réalisés.

Sur le côté sud du château 5 possibilités de ‘vues’ sur des coteaux boisés avaient été identifiées au 19è siècle. Leur percement entre des masses végétales se réalise prudemment année après année car il est délicat d’abattre ou même d’élaguer fortement des arbres sans tout perturber. Seule la grande percée centrale est maintenant clairement visible … mais il faut veiller constamment à ce qu’elle ne se referme pas ! 

La grande grotte surmontée d’un belvédère construite au point le plus élevé du parc permettait une vue panoramique sur l’ensemble du domaine, elle s’est retrouvée au milieu d’une forêt d’arbres. Pour l’instant la vue sur la prairie a été complétement ouverte mais le choix d’autres percées (vers la ferme ? le château ? la vallée ?) reste à faire.

C’est dans la promenade sublime, à flanc de coteau, dominant la vallée du Cousin que les vues les plus spectaculaires ont pu être redécouvertes. Les études paysagères qui ont précédé le classement MH ont en effet permis de retrouver que des genévriers avaient été plantés devant chaque point de vue sur la vallée. Une fois retrouvés (ils ont 200 ans !) toute la végétation alentour a été supprimée, et des vues sur la vallée et ses masses de rochers ont été dégagées et mises en valeur

LES CHEMINEMENTS ET LES CLOTURES

La promenade sublime est constituée de sentiers taillés dans les falaises de granit et soutenus par des maçonneries. Les bordures sont bien marquées. Mais le ravinement, la végétation, les chutes d’arbre, le gel, les ont mis à mal. Dans de nombreux endroits il était devenu difficile de passer sans risquer une chute grave. La réfection des passages difficiles a donc été entreprise. Heureusement le matériau est sur place, chaque coup de burin dans les parois permet de dégager une plaque de granit relativement facile à tailler et à poser. Mais il y a plus d’un kilomètre de chemins escarpés et si les passages dangereux sont maintenant sécurisés il reste toutefois beaucoup à faire.

Les murs de clôture qui entourent le parc sont en grande partie effondrés. Ils sont constitués de moellons de granit ou de rochers posés sans chaux ni ciment et s’étendent sur plus de 3 kilomètres. Leur reconstruction demande un savoir-faire particulier. Il a néanmoins déjà été possible grâce à des ouvriers remarquables, souvent autodidactes, de refaire plusieurs centaines de mètres aux abords du château.

 

L’histoire

Orbigny est un hameau situé sur la commune de Pontaubert, à proximité d’Avallon. Le château et son parc situés à l’écart de la route et à l’abri des regards sont peu connus. 

Le château 

Bien qu’il subsiste quelques vestiges de l’époque gallo-romaine, la première trace écrite du château d’Orbigny se trouve dans les archives de la Commanderie de Pontaubert fondée au 12e siècle par les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. La cave centrale du château date de cette époque et était sans doute la base d’une maison forte. La vue s’étendait sur Avallon et toutes les collines de l’avallonais.

Le site est dévasté une première fois pendant la Guerre de 100 ans (1350-1450)

Lors de guerres de religion le château reconstruit est incendié par les reitres allemands qui ravagent la Bourgogne. Il est une nouvelle fois reconstruit sous Louis XIV (17é siècle). La famille de Germynot puis les Guillaume d’Orbigny en ont été successivement seigneurs.

Jean Raudot (1674-1761), issu d’une vieille famille d’Avallon (15e siècle), acquiert le domaine en 1730.  Son fils  Jean II Raudot (1724-1799), écuyer, seigneur d’Orbigny, époux de Jeanne de Domecy fait quelques aménagements et construit une grotte surmontée d’un belvédère dans la partie la plus haute du domaine.

Après les troubles révolutionnaires Jean Edme Raudot (1775-1832), député de l’Yonne et maire d’Avallon et son épouse Jeanne de Chaudenay remanient le château.  Trois bâtiments en équerre encadraient une cour intérieure flanquée d’un pigeonnier et ouverte sur un chemin communal. Ce chemin partait de la route d’Avallon longeait le château et descendait à la rivière. Il séparait le château du parc. Jean-Edme obtient en 1829 de pouvoir le détourner permettant ainsi de composer l’ensemble actuel.

Les deux bâtiments en angle autour du pigeonnier sont détruits et les pierres servent à la construction d’un vaste corps de ferme. La partie centrale et le pigeonnier sont conservés.

Le château qui existe aujourd’hui est composé du corps central de l’ancien château, agrandi au nord d’une travée et au sud d’une aile construite sur l’ancien chemin. La cave centrale est datée du 12e siècle, le cellier adjacent est du 16è siècle. L’ensemble a l’aspect d’une grande maison de style Directoire.

Découvrir

Informations & Contact

Statut du jardin : Privé

Propriétaire : Mr et Mme François Raudot de Chatenay

Adresse :

1, chemin de la vigne blanche, Orbigny, 89200 Pontaubert Yonne Bourgogne

Coordonnées géographique

  • Latitude : 47.492511983725
  • Longitude : 3.873920014069
Numéros de téléphone
  • +33 6 28 73 36 15
  • +33 6 86 10 21 06

Site touristique à proximité :

  • Vézelay

Horaires :

Actuellement fermé.
  • De à

    • Les vendredis,  dimanches  et lundis de juillet, août et septembre 

    • Avril, mai, juin et octobre  sur Rendez-vous 

Ouverture au public :

  • Ouvert pour les Rendez-vous aux Jardins
  • Ouvert pour les Journées du Patrimoine
  • Visite libre
  • Visite guidée

Tarif :

  • Visite libre
  • Visite guidée
  • Visite de groupe
  • Visite guidée en groupe
  • adulte 6 €
  • enfant -15 ans 5 €
  • minimum 5 personnes 10 €
  • groupe 10 personnes minimum 5 €
  • minimum 5 personnes 10 €

Conditions d’accès :

  • Chien en laisse
  • Commodités
  • Parking à proximité

Particularités

Types de jardin :

  • à l'anglaise
  • champêtre

Éléments remarquables :

  • belvédère
  • grotte/glacière

Végétaux :

Arbres

Arbre remarquable
  • Chênes bi et tricentenaires

Arbuste

  • 150 Buis, Houx, Sureaux Genêts etc

Plantes & Fleurs

Plantes vivaces
  • : Ail des Ours, Orchidées, Mousses et Lichens

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